Thierry, premier contact!!

Bonjour à toutes et tous.
J'ai eu le plaisir d'être invité sur ce forum et je vais tenter d'y apporter ma contribution en usant de mes quelques expériences. J'espère que cela pourra être utile.

J'ai 46 ans, je suis marié, nous avons trois enfants (ados), je suis instituteur depuis mes 19 ans. Je vis en Savoie.
J'ai passé un BAC litté/philo et je suis tout de suite entré à l'école Normale (IUFM aujourd'hui). A l'époque je vivais en Bretagne mais j'étais passionné par l'escalade et l'alpinisme et je voulais aller vivre dans les Alpes.
Mes deux dernières années de lycée, j'ai eu la chance immense d'avoir un prof de Français et une prof de philo extraordinaires. J'adorais lire et écrire et peu à peu ils m'ont permis d'avoir avec eux une relation privilégiée, des échanges extrêmement enrichissants, non seulement d'un point de vue cognitif mais surtout sur le plan humain.
Krishnamurti, Ouspensky, Platon, Gurdjieff, Camus, Sartre, Saint Exupéry, Lanza del Vasto, Gandhi, Koestler, Conrad, Steinbeck, Heminghway, Prajnanpad, Vivekananda, Sri Aurobindo, London, Moitessier, Arséniev, tout ce qu'ils m'ont fait connaître!!! Tout ce que je leur dois!!
J'écrivais des nouvelles, ils les lisaient, les critiquaient, m'encourageaient. Ils disaient tous les deux qu'un jour je serai édité.

A Vingt-quatre ans, j'ai écrit un premier roman. Une histoire d'alpinisme. Je l'ai envoyé à divers éditeurs. Personne n'en a voulu. Quelques réponses impersonnelles. Impossible de connaître les raisons précises de ces refus successifs. Je savais que Bernard Giraudeau adorait l'alpinisme. Je lui ai envoyé un manuscrit. Sa secrétaire m'a appelé quelques semaines plus tard. Il voulait me rencontrer. On s'est vu à Brest. Il m'a dit qu'il avait un gros problème de finances et qu'il me tiendrait au courant. Un tournage en haute montagne coûte très cher.
Trois mois plus tard, sa secrétaire au tel. Il avait finalement choisi le roman de Simone Desmaison "la face de l'ogre". Pas d'explication, plus aucune nouvelle.
Grosse déprime. J'ai tout rangé dans un placard.
Quelques expériences personnelles très douloureuses m'ont empêché d'écrire pendant de nombreuses années. Je griffonnais quelques scénarios sur des cahiers mais rien de vraiment abouti. Et puis un très gros pépin physique...Six mois d'arrêt de travail. J'ai ressorti ce roman et je l'ai recommencé. Avec tout ce que la vie m'avait appris.
Le premier éditeur contacté l'a accepté. Il a eu deux prix littéraires régionaux.
Faut-il donc avoir souffert pour savoir écrire? Pour sortir de soi un écrit acceptable, faut-il donc être descendu dans les tréfonds de l'âme?
A partir de là, je me suis lancé à corps perdu (à esprit perdu) dans l'écriture. Elle m'a servi de thérapie. La vie continuait à m'asséner des coups de bélier. Je m'accrochais à mon stylo...Pour ne pas sombrer.
Un autre roman.
Mon éditeur n'en voulait pas. Trop sombre, une écriture trop exigeante pour le lectorat moyen auquel il s'adressait. Incompréhension totale de ma part. Mon premier roman avait eu deux prix, pourquoi refusait-il celui-là, comment pouvait-il juger de l'accueil qui lui serait fait, pourquoi rejeter une écriture "exigeante" comme si les esprits ne pouvaient pas s'atteler à un effort inhabituel?
Finalement, je réalisais que d'avoir été édité ne suffisait pas à m'assurer une continuité. Je repartais à la case départ. Nouveaux refus. "Trop spirituel, trop violent, trop sombre, trop compliqué, trop philosophique..." Trop, toujours trop...L'écriture devait-elle donc rester dans un cadre restrictif, bien établi, des frontières précises? Ou bien mon écriture ne valait-elle rien? Des wagons de questions à longueur de nuit...
Une autre histoire s'est imposée à moi. Nouveau roman. Très long. Trop long. Personne n'en a voulu encore une fois. Un éditeur m'a répondu. "Sexe, drogue, meurtre et philosophie, où voulez-vous que je range ça? Et puis, vous vous rendez compte du risque que vous prenez avec une histoire pareille par rapport à votre métier? Et puis, un pavé pareil, personne n'en voudra. Les gens veulent des histoires courtes et faciles à lire."
Incompréhension. Il fallait donc écrire des histoires qui pouvaient être "rangées" dans des catégories précises. Le mélange des genres était mal vu. Où était la création si le marché imposait ses règles?
A moins, que ça soit encore mal écrit.
Des wagons de questions à longueur de nuit.
Un autre roman. Le quatrième. Tout ce que la vie m'avait enseigné, quelques expériences étourdissantes auxquelles je ne comprends pas encore grand-chose.
La décision aussi de faire publier les deux autres romans avec un contrat participatif. Une bêtise. Ca m'a coûté 800 euros et il n'y avait aucun suivi, aucune distribution sérieuse. Je voulais juste que ces livres existent pour pouvoir me consacrer à l'écriture du quatrième, qu'ils ne restent pas dans un placard comme une conception inaboutie. L'égo...
J'ai travaillé dix mois, tous les jours, toutes les nuits, à chaque instant de liberté sur cette histoire. Je l'ai envoyé à un éditeur qui venait de s'installer dans la région. Il l'a pris immédiatement. Immense bonheur.
J'ai rompu le contrat participatif. Ces deux livres n'existent plus. Je pensais que mon éditeur actuel les prendrait mais le marché actuel du roman est en crise, une crise énorme, seuls quelques auteurs reconnus permettent aux maisons d'édition de survivre et cette jeune maison ne pouvait pas se permettre de couvrir les frais de deux autres titres. Il faut d'abord qu'elle rentabilise celui qui vient de sortir. Rentabilité. Le mot clé. C'est un marché. Une entreprise. Et elle dépend de l'état général de l'économie. Le budget culture est le premier à être supprimé dans les périodes difficiles. Aucun éditeur ne sait ce que l'avenir lui réserve. Les best-sellers les font vivre. Les autres auteurs disparaissent en une semaine des présentoirs. Le bouche à oreille et la médiatisation assurent le succès ou accélèrent l'oubli.
Il ne faut pas écrire avec un objectif, un espoir, une attente. Il faut écrire juste parce que ça répond à un besoin vital. Une nourriture spirituelle. En sachant que les lois du marché imposeront une réalité qui sera peut-être très douloureuse. Ne pas avoir de projet, ne pas tirer de plans sur la comète, permet de se protéger, de ne pas se subir la menace de la désillusion.
Je travaille sur une nouvelle histoire. Je ne pense absolument pas en terme de catégorie, de style, de marché, d'édition, j'écris comme je le ressens. Je sais juste aujourd'hui que personne n'en voudra peut-être mais le bonheur que j'aurai eu à mener ce travail à terme suffira à me combler. Le reste, si ça arrive, ne sera qu'un supplément. L'essentiel est que je ne me trahisse pas.

Travailler. Quotidiennement. C'est une nécessité. Pour entrer dans son histoire, vivre avec ses personnages, les connaître, s'émouvoir avec eux, les accompagner, le plus beau cadeau étant de rêver d'eux la nuit, de les voir, de les entendre. De ressentir leurs peines et leurs joies.
Pendant l'écriture du roman qui vient d'être publié, le personnage principal m'a appelé une nuit, dans un rêve, un appel déchirant, il allait mourir, il fallaitt que je vienne le sauver. Je me suis levé, j'ai allumé l'ordi, je lui ai dit que j'arrivais.
Un écrivain à qui on demandait un jour si ce qu'il avait écrit était vrai a répondu: "Bien entendu que c'est vrai puisque je l'ai inventé."
Indispensable vie commune. Vivre réellement avec ses personnages jusqu'à ce qu'ils ne soient plus à soi mais à eux-mêmes. Devenir dès lors le simple transcripteur de leurs parcours. A partir de là, je pense qu'on peut parler de livres émouvants. Que l'écrivain disparaisse. Ce n'est pas le style qui importe mais la vie qu'on trouve dans le livre. Et la vie ne peut pas être inventée. Si le style l'emporte sur la vie, c'est juste qu'un exercice de style alors que le roman est une forme écrite de la vie.
Je me suis longtemps écouter parler dans mes écrits, par prétention, en pensant que c'était suffisant pour écrire quelque chose d'intéressant. Je n'avais rien compris.
J'écris pour honorer la Vie, pas ma vie. J'écris par respect. Plus par prétention. Le chemin a été long.

He bien longue presentation ^^

Tu es le 2eme membre du forum a etre publié.

Enfin bon,moi j'ai..14 ans ^^

Bienvenue.

Hé bé quel vie ! Moi j'écris depuis que j'ai 17. J'ai commencé pour me défouler. Puis j'y ai pris gout....

J'espère que tu plairas parmis nous !

Bienvenue à toi^^
Bon et bien amuse toi bien sur le forum^^

Très bel présentation, si tes romans sont aussi bien écrit et autant ressenti j'achète tout de suite. bienvenu à toi. J'espère que tu te plaira sur ce forum

armiale a écrit:

Très bel présentation, si tes romans sont aussi bien écrit et autant ressenti j'achète tout de suite. bienvenu à toi. J'espère que tu te plaira sur ce forum

merci Armiale!! il n'y a pas de raison que je ne m'y sente pas bien étant qu'on est tous là pour la même passion!!

amuse-toi bien

Bienvenue !

Citation :

merci Armiale!! il n'y a pas de raison que je ne m'y sente pas bien étant qu'on est tous là pour la même passion!!

Et je vous en remercie ^^

Woaw ça c'est de la présentation... 2 prix et 2 romans publiés.... félicitation...

en tout cas c'est une très belle présentation...

ah oui j'oubliais:

Remarquable présentation en effet, même si je dois confesser qu'elle m'a légérement déprimé. C'est vrai que quand on se lance dans un projet de 350 pages, on a l'espoir secret que ce sera publié, et ton expérience fort bien narrée me montre bien que ce sera sûrement pas le cas.

Enfin bon comme tu le dis si bien l'écriture est aussi une thérapie, mais si personne ne lit tes écrits c'est un peu une thérapie sans psy. Pas trés efficace...

kain a écrit:

Remarquable présentation en effet, même si je dois confesser qu'elle m'a légérement déprimé. C'est vrai que quand on se lance dans un projet de 350 pages, on a l'espoir secret que ce sera publié, et ton expérience fort bien narrée me montre bien que ce sera sûrement pas le cas.

Enfin bon comme tu le dis si bien l'écriture est aussi une thérapie, mais si personne ne lit tes écrits c'est un peu une thérapie sans psy. Pas trés efficace...

Ne pas avoir d'objectif, c'est le meilleur moyen de ne pas être déçu et de rendre une bonne nouvelle éventuelle encore plus fabuleuse.

Pour ce qui est de l'écriture comme thérapie, c'est effectivement une introspection extrêmement puissante et comme toute thérapie on n'attend pas qu'elle soit diffusée au monde entier On le fait pour soi, parce que c'est une nécessité. Si ensuite on s'aperçoit qu'un éditeur s'y intéresse, que des lecteurs l'apprécient, alors on entre dans le domaine du partage. C'est un supplément, pas un objectif. En tout cas, pour moi.
Le roman que j'écris, j'ai besoin de le finir parce qu'il fait partie de moi, parce que je le respire et qu'il m'envoie son oxygène. Je ne vais pas m'arrêter de respirer parce qu'il est possible que personne ne s'y intéresse Je ne suis pas Jacques Mayol, je ne tiendrai pas longtemps

Ecrire est un besoin mais qui représente malgré tout un travail important. L'objectif est de le mener à terme en restant lucide, vigilant, appliqué, objectif envers soi-même.
Un forum comme celui-là permet d'avoir un retour critique, celui que les proches n'osent pas toujours faire.
Il est impossible en tout cas de prévoir de ce qui adviendra d'un roman achevé. Et un refus n'est pas une mise en terre ou une incinération, juste la nécessité de travailler, travailler, travailler.

C'est vrai que quand on a fini une histoire, on la connaît tellement par coeur qu'il est délicat d'avoir un regard critique et on voit mal comment on pourrait l'améliorer. Comme les éditeurs n'expliquent pas les raisons de leur refus, on reste dans le vide.
J'essaie désormais d'avoir une relecture identique à celle d'un lecteur lambda, comme si je ne connaissais pas l'histoire, comme si je la découvrais, j'essaie de deviner les pensées de ce lecteur, ses réactions, ses ressentis...Déjà que l'écriture rend un peu schyzophrène, cette technique n'arrange rien Sinon, il reste à commencer un autre livre, à oublier celui qui a été rejeté et à le reprendre bien plus tard. Tout faire pour l'oublier. C'est très difficile, comme une grossesse inaboutie. Sauf que le bébé, on l'a dans la tête et qu'il prend une sacrée place...

Que l'inspiration soit avec toi

Hmmm, je dois avouer que l'idée d'écrire sans être lu par personne ça me parait trés vide comme démarche, ne serait-ce que parce qu'effectivement on ne peut pas avoir de regard objectif sur ce qu'on produit, donc on se demande tout le temps si on est pas en train d'écrire un truc complétement nul. Même si la satisfaction d'avoir fini l'histoire est déjà immense.

Bref merci à toi, et que l'inspiration soit avec toi aussi pour terminer

Belle présentation: tu as trouvé les mots justes. Tu m'as un peu déprimé^^
J'avoue que 350 pages pour rien, c'est dur. moi, j'ai écris un livre de fantasy, 330 pages et presque terminé. Le problème, c'est que ça fait quatre ans que je le fais et je me suis aperçu récemment que l'histoire était banale, que c'était nul en gros^^
Donc voilà je te comprends!

Bienvenue sur le forum^^

kain a écrit:

Hmmm, je dois avouer que l'idée d'écrire sans être lu par personne ça me parait trés vide comme démarche, ne serait-ce que parce qu'effectivement on ne peut pas avoir de regard objectif sur ce qu'on produit, donc on se demande tout le temps si on est pas en train d'écrire un truc complétement nul. Même si la satisfaction d'avoir fini l'histoire est déjà immense.

Bref merci à toi, et que l'inspiration soit avec toi aussi pour terminer

Non, non, je suis évidemment ravi d'être lu mais ce que je voulais dire, c'est qu'il me semble important de ne pas y penser exagérément pendant le temps d'écriture, ne pas se dire que parce qu'on écrit on va nécessairement être lu. C'est le bonheur d'écrire qui nous conduit. Le bonheur d'être lu ne pourra venir qu'après. Certains retours d'éditeurs me disant que mon écriture était trop exigenate m'avaient fait réfléchir sur ce que je devais faire pour m'adapter à ce que les lecteurs semblaient attendre. C'est la pire des erreurs. Le meilleur moyen pour gâcher son livre. Ne plus être en soi parce qu'on laisse les suppositions venant des autres nous envahir.
J'écris comme je le ressens. Pas par rapport à un éventuel lectorat. Effectivement mon dernier roman reçoit deux types de commentaires: enthousiasme ou lassitude. Une lectrice m'a dit que c'était le livre qu'elle attendait depuis des années, une autre m'a dit qu'elle avait abandonné à la moitié parce que c'était de plus en plus approfondi dans les cheminements intérieurs et que l'action elle-même était délaissé. On ne peut pas plaire à tout le monde.
L'essentiel étant de plaire à soi.

avec un peu de retard, je te souhaite la bienvenue sur ce fofo

un écrivain.............. trop bien, je vais avoir de la lecture............ ça tombe bien j'ai finit le dernière livre de la médiathèque de ma ville ...

amuse toi ben ici mais si je sais que c'est déjà le cas

Le dernier roman sorti en novembre 2008
"Noirceur des cimes"

http://www.livresenmarches.com/2007/09/08/noirceur-des-cimes-roman-de-thierry-ledru/

http://www.masse-fr.com/critiques/noirceur_ledru.html

"Vertiges" sorti en juillet 2004
C'est celui-là qui a eu "La Plume de l'espoir" en 2005 et "le Prix du roman" au festival du Queyras en 2006.

http://www.masse-fr.com/forum/root/viewtopic.php?f=1&t=226

http://www.livresenmarches.com/2007/10/15/biographie-de-thierry-ledru/

Les deux romans "Plénitude de l'unité" et "Une étrange lumière" ne sont plus vendus.
Je cherche de nouveau un éditeur...

Voilà, voilà
si quelqu'un se lance là-dedans je serais ravi d'avoir un commentaire
Merci.


J'en écris un cinquième depuis neuf mois.

c'est bizarre mais le titre "une étrange lumière" me dit quelque chose je l'ai peu être déjà lu faut que je vérifie

TWICK a écrit:

c'est bizarre mais le titre "une étrange lumière" me dit quelque chose je l'ai peu être déjà lu faut que je vérifie

j'en serais très heureux!!
C'est l'histoire d'un instit dans une classe unique. Par amour pour ses élèves, il finit par les enlever pour leur faire découvrir une autre dimension de la vie.
Un éditeur en avait dit :" Sexe, meurtre, drogue, sueur et philosophie. Où voulez-vous que je range ça?"

Citation :

Sexe, meurtre, drogue, sueur et philosophie

Charmant,en effet ^^

Personnelement si j'ai un jour la chance du publier un livre,je le fais sous
un faux nom -_-

bibix4ever a écrit:

Citation :

Sexe, meurtre, drogue, sueur et philosophie

Charmant,en effet ^^

Personnelement si j'ai un jour la chance du publier un livre,je le fais sous
un faux nom -_-

Pourquoi sous un faux nom?

Je sais pas.Je n'aimerai pas que les gens me connaissent.